Jordanie, Voyage

Récit d’une arrivée en Terre bédouine

juin 2018

Installez vous confortablement au chaud sous un plaid, ou au frais avec une bière selon l’hémisphère où vous êtes: voici le récit de mon arrivée chez les bédouins, dans la foulée de notre traversée (voir ici le début de l’histoire)

Le Soleil prépare sa descente vers l’horizon lorsque nous arrivons à Pétra.
Elisa et moi avons réservé la veille au soir un hébergement “en cave traditionnelle bédouine”, et nos hôtes et notre chauffeur ont convenus d’un point de rdv pour s’échanger la livraison (c’est à dire Nous)
Dans mon imagination, je m’attends à rencontrer deux personnes lambdas en centre ville de Petra et ensuite rejoindre leur hébergement.

Que Neni

Alors que nous roulions sur une route peu fréquentée, notre chauffeur s’arrêta sur le bas côté au milieu de nulle part.
A côté de nous, une autre voiture est garée et deux hommes patientent à l’extérieur.
Ils sont tout deux élancés, vêtus de longue robes grises (ou plutôt Taupe, comme dirait une personne qui se reconnaîtra...), chech sur la tête, yeux fardés de noir, et portent un air grave sur le visage.

Le chauffeur nous indique alors : “vous êtes arrivés, vos hôtes vous attendent”
Suivi d’un looooooong silence.
Alors IL EST VRAI “il ne faut pas se fier aux apparences”, “l’habit ne fait pas le moine”… blablabla
Néanmoins, voilà une première impression qui ne nous rassure pas.
Une fois les sacs transvasés d’une voiture à l’autre et un aurevoir lancé à la volée à Nytcia et Karla, nous voilà partis…
Enfin, partis… nos hôtes nous préviennent alors qu’avant de rejoindre la grotte, nous partons couper du bois. Le 4×4 s’élance donc sur un sentier isolé, à l’opposé de la route principale menant à Petra.
Sans même la regarder, je peux sentir la nervosité d’Elisa à côté de moi. Et la première chose qui me vient à l’esprit: « si on doit crier à l’aide, je peux même pas compter sur elle « (pour rappel, elle est sourde et muette. Et ne faites donc pas les offusqués, je suis sure que n’importe qui aurait pensé pareil)
L’atmosphère est loin de se détendre lorsque nos hôtes s’arrêtent au milieu de nulle part (mais alors vraiment, trou du cul du monde) et s’emparent de leur hache pour couper le bois.

Récapitulons donc la situation: deux hommes,avec leur voiture, au milieu du désert, et donc sans réseau téléphonique, à la nuit tombante, équipés d’une hache, seuls avec deux jeunes touristes (à la beauté éclatante et aux corps de sirènes) : j’ai l’impression d’écrire le scénario d’un mauvais film d’horreur. Ou PIRE, d’être dans un mauvais reportage BFMTV.

Tandis que j’envisage mes options de survie, nos hôtes nous appellent: ils ont fini de couper le bois et proposent de se dépêcher pour aller voir le coucher de soleil depuis le haut d’une autre colline.
Bon. Peut-être voulait il vraiment juste couper du bois.
A MOINS QUE ce soit un LEURRE, afin que nous relâchions notre vigilance.
De toute façon, je suis au milieu de rien, sans téléphone, et en plus, on peux plus annuler notre réservation: je remonte dans la voiture.

La musique bédouine (quelque chose comme ça) bat son plein dans la voiture jusqu’au lieu du coucher de soleil, sur les hauteurs du Petit Petra. Le cadre est magnifique, il convient de le préciser, et nos hôtes sont bien plus chaleureux qu’au début. C’est toujours entières et vivantes que nous partons enfin pour notre lieu d’hébergement.

Les bédouins se sont depuis plusieurs années sédentarisés dans des villages (pour vulgariser, chaque tribu à son village). Néanmoins, ils passent une grande partie de leur temps dans des habitations troglodytes (le terme sophistiqué d’une grotte, qu’on se le dise) ou dans le désert, dans de confortables campements.

Et c’est dans un ces habitats traditionnels que nous arrivons finalement de nuit, à l’entrée de Petit Pétra.
Et même si je commence à prendre confiance, je n’exclue toujours pas les options suivantes: enlèvements / viol / meurtre / traffic d’organes / épouse forcée / rançons / complot étatique / connivence avec les aliens / chantage: nous contre du roquefort (le plus plausible), et continue mentalement mes enchaînements ninja pour me sortir d’une mauvaise passe.
Elisa elle, restera en pâture s’il le faut.

D’ailleurs, c’est bien ce qui a failli se passer, lorsque nous furent, sur une étrange décision, séparées. En effet, m’ayant entendu dire que je cherchais à racheter un petit fermoir de bijou perdu le jour même, ils se proposent de m’emmener en racheter un. Seule. A petra. Et ils insistent:  » You go Petra, she stays here.  »
….. Cette insistance ravive ma viligeance, mais je finis par céder et par donc en tête à tête avec l’un d’eux faire les boutiques, de nuit.

Il ne faudra que peu de temps pour que j’abaisse ma garde: Qasim s’avère être extrêmement serviable et aimable, bien que notre quête pour ce petit bijou soit un échec (et ce n’est pas faute d’avoir demandé littéralement à tout leur entourage)

A mon retour, le repas est prêt, préparé aux petits soins, et le feu continue de chauffer la cave.

In fine, et malgré ces petits  » moments de doute » , la soirée est très agréable et nous discutons longuement avec Ayman et Qasim une partie de la nuit.
Retenez bien ces noms, ce sont des incontournables de mon séjour en Jordanie, certainement mes plus belles rencontres, quivont changer le reste de mon voyage en Jordanie pour les aventures à venir.
Comme quoi la première impression n’est pas forcément la bonne malgré l’expression!

Vue sur le « jardin »

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