Jordanie, Voyage

Dans le désert, avec Joe et Jane.

Dans mon précédent article, j’ai planté le décor de mon séjour dans le Wadi Rum
Il est à présent temps de l’agrémenter de quelques anecdotes…

A mon, arrivée chez Sandra, je suis la seule volontaire à travailler avec elle. Sur mes deux semaines de séjours, il y a néanmoins d’autres personnages à intégrer dans mon aventure:
Je commencerai par raconter les histoires de Joe et Jane.

Joe and Jane

Ça n’est pas leurs vrais noms, les vrais, je les ai oubliés. J’ai d’ailleurs oublié beaucoup de détails (forcément, un an et 4 autres pays plus tard…), mais cela n’est pas primordial.
Il s’agit d’un couple de connaissance à Sandra: Elle est américaine de 45 ans, lui Danois de 25 (plus ou moins). Ils ont tout quitté ou presque pour voyager ensemble, et ils ont la particularité d’être très très haut perchés. Loin là- haut dans un autre univers spirituel.

Loin là haut sur la deuxième planète à droite.

Joe et Jane sont des fidèles de Krishna, ils voyagent ensemble et mettent un point d’honneur à évoluer sans contrainte de temps, de distance et sans itinéraire. Conséquence: ils se pensent tellement cool qu’ils en sont un peu prétentieux.
Petite ironie, Jane est également un ancienne dirigeante d’entreprise, et comme dit l’adage: « chassez le naturel, il revient au galop »: Et sous ses faux airs de « lâcher prise », c’est une freak contrôle, ce qui me vaut d’assister plusieurs fois à des scènes de désaccords entre eux deux.

Malgré tout, ils sont sympathiques et, en tant que rares occidentaux présents ici, c’est tout naturellement que nous passons notre temps ensemble, ou du moins une partie, principalement les repas et la piscine.

Le point clé de notre cohabitation est et restera une virée d’un jour et une nuit dans le désert, afin de camper à la belle étoile et ensuite mettre un pied dans la réserve classée du Wadi Rum. (ndlr: le Wadi Rum est une immense étendue de désert en Jordanie, jouxtant l’Arabie Saoudite. Une partie est classée, et c’est celle-ci qui se visite, moyennant financement…bien entendu!)
L’excursion est organisée par Sandra (qui ne se joint pas à nous) avec l’aide d’un de ses contacts bédouins (que l’on appellera Bob, car lui aussi j’ai oublié son prénom. Et que Bob, c’est très inconventionnel pour un Bédouin, et du coup ça me plait).

Bob le Bédouin

Dans ma tête, le scénario était prêt, et tel Lawrence d’Arabie j’allais affronter le désert du Wadi Rum.
Je m’imaginais, à dos de chameau, partir pour une plongée intrépide au cœur du désert, dormir sous les étoiles et braver les tempêtes de sable, protégée uniquement par mon cheche et mon vaillant compagnon d’aventure, Tornado le chameau.

La vérité sera tout autre, et finalement, c’est un peu la déception: Le soir du camping, bien évidemment pas de chameau, mais un 4 x 4. (Jusque là pas de surprise.)
Cependant, pas non plus d’échappée sauvage au cœur du désert: le véhicule ne s’éloigne pas à plus de quinze minutes de piste de notre camp, soit à peine à l’écart de la civilisation, pour s’arrêter dans un “trou” entre deux bloc montagneux. Apparemment, l’endroit est protégé du vent et de « la piste principale »: car oui, on a beau être dans le désert, il y a tout de même du traffic….
Nous n’irons pas plus loin aujourd’hui car la nuit va tomber: notre guide nous envoie donc plus loin admirer le coucher de soleil pendant que nous le laissons s’affairer, seul (aucun remords) pour mettre en place le camp.
Sur notre route, nous croisons des chameaux en semi liberté…

Petit Point Bien Être Animal

Afin que les chameaux ne se sauvent pas, les bédouins les laissent « en liberté » en leur attachant, à l’aide de cordes, les pattes avant: l’animal peut ainsi se déplacer mais sa capacité de mouvement en est considérablement réduit: il ne peut ainsi parcourir de grandes distantes, comme il le ferait à l’état naturel, et rester à proximité de ses propriétaires.
Bien que je comprenne la nécessite des bédouins de conserver leurs animaux, j’ai tout de même le cœur brisé de les voir encordés de la sorte

Revenons à nos moutons et à notre escapade où très vite nos chemins se séparent: je cherche le spot idéal pour le coucher de soleil, tandis que Joe et Jane sont occupés à se rouler et se battre dans le sable (true story).
C’est donc seule que j’observe le soleil se coucher… et quel spectacle!

L’autoroute du désert. Une voiture en une heure.

Le soleil enfin couché, nous rejoignons notre guide. Le camp est prêt (quelques matelas à même le sol) et le repas se prépare tranquillement. Bob a été rejoint par son oncle, un bédouin au look traditionnel, et tout deux préparent le repas bédouin, traditionnel lui aussi: « mélanges de légumes et patates dans sa robe de chambre d’aluminium sur son lit de braise, à l’étouffée«  (ndlr: normalement servi avec du poulet, mais comme nous sommes entre végétariens, cela n’était pas pertinent Sherlock)

Ça cuit.


Le dîner fini et les bédouins couchés, Joe et Jane décident de clôturer la soirée d’une « joyeuse » façon.
Arrivés tout droit d’Afrique, plus précisément d’Ethiopie et d’Ouganda, ils ont ramenés dans leur bagages des souvenirs  » atypiques »
Tout d’abord, des pratiques pour le moins curieuses: apparemment là-bas, il est de coutume lorsqu’on accueille quelqu’un et qu’on souhaite honorer sa présence, de le nourrir directement à même la bouche, avec les doigts. Comme si moi je piochais allègrement dans le plat de cassoulet pour vous remplir, à l’aide de mes petits doigts, la bouche de canard et de haricot tarbais.
Jane en tout cas est conquise et sombre même dans l’appropriation culturelle en tentant plusieurs fois durant le séjour de nous nourrir à la main. En vain.
Ensuite, dans leur bagage, le type de souvenir qu’on ne trouve pas dans les Gifts Shop: une étrange cigarette magique. Pas folle la guêpe, illuminés comme ils sont il est hors de question de toucher à ce mégot.
Je les laisse donc vivre leur plus belle vie, et assiste notamment à Joe en transe, sur le dos, agiter jambes et bras dans l’air, tel l’insecte agonisant sur le dos……

La plus parlante des métaphores. Pour de vrai.

Malgré cette curieuse atmosphère, nous nous endormons (enfin, je m’endors, tandis que Joe continuera de se contorsionner un moment) en admirant le ciel étoilé. Car, sans faire de poésie, il est vrai que la voie lactée sous le désert est particulièrement belle et hypnotisante.

Comme ça. Et ça n’est de toute évidence pas ma photo…

Le lendemain, ravie de constater que Joe n’agit plus comme un cafard en fin de vie, et que tout le monde est d’aplomb pour cette nouvelle journée.
Une fois le petit déjeuné englouti, nous plions le camp et partons en direction de la zone classée, en prenant un peu de temps pour faire un spot et boire le thé (ça faisait longtemps tiens donc) sous la tente de l’oncle de Bob, rencontré la veille.

Nous sommes ainsi conduit de rocher en rocher de dune en dune, aux points considérés « incontournable » de ce petit carré de désert que nous visiterons, avant de regagner notre hôtel.
A terme, je ne retiendrai que peu d’informations (ou même aucune) sur ce que notre guide nous aura racontés ce matin là: Ce qui me reste néanmoins, est sans hésitation la conviction que le Wadi Rum est un des plus beaux endroits que j’ai vu jusqu’à présent.

Suite au prochain numéro….

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