Birmanie, Malmawyine

L’épopée vers Bouddha.

Je ne sais pas comment aborder le sujet, alors je serai directe: j’ai vu le plus grand Bouddha du monde. Ou le plus grand bouddha COUCHE du monde.
Aussi appelé Win Sein Taw Ya, il est allongé, il est effectivement très grand, et je dirai même qu’il est fort moche. Ou du moins très kitch.

Pour le rejoindre, c’est très simple me dit – on: il y a un bus qui part du centre ville de Malmawyine, et qui me déposera «au bout du chemin qui mène à Bouddha» .

J’ouvre une parenthèse: 
Il convient de se rappeler qu’ici, c’est le Myanmar. Et les transports publics au Myanmar, ça n’est pas la RATP ou Tisséo: il n’y a pas réellement d’arrêt de bus, ni de petit bonhomme en uniforme pour vous aiguiller. Pas non plus d’applications smartphones, et parfois même, pas de guichet. Certains bus nous font l’honneur d’être doté d’un panneau indiquant leur destination… mais écrit en birman…donc cela ne m’avance à rien. (je ferme ma parenthèse)

Lorsque je pars chercher mon bus pour Bouddha, le lendemain de mon arrivée, je dispose d’explications qui semblaient claires et précisent, données par mon hôtel: « Tu prends le bus à l’angle du «market» direction « Par-là-bas ». Il y en a un chaque heure » . FACILE. Des markets, il ne doit pas y avoir 50, quant aux bus, je trouverai bien quelqu’un pour m’indiquer lequel est le mien.

LOL. LAUGHING OUT LOUD. La naïve.

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Bien entendu, rien de tout cela ne fut si simple.

Pour les amateurs de Koh Lanta, la suite ressemble à la célèbre course d’orientation. Elle est l’avant dernière épreuve avant les poteaux de la dernière émission de la saison,  et dernière chance de voir Denis Brogniart avant le sevrage.#KohLantaunjour-KohLantatoujours.

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Forever Denis

Je me réfère plus précisément à ce moment de la course où le candidat pense identifier une balise (une souche, un buisson…) qui lui permettra ensuite de s’orienter pour trouver le fameux poignard de qualification.

J’ai bien dit, où il PENSE trouver la bonne balise. En réalité, ce n’est qu’une souche ou un buisson quelconque. Le candidat s’oriente ensuite gaiement, mais en vain… Il compte ses pas, vérifie sa direction, tourne tourne..en vain.
Car elle est là l’erreur:  dès lors que la balise est mauvaise, l’orientation ne sert plus à rien: vous cherchez dans le vide et devenez taré.

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A mon « pouèt », partez!

C’est donc ce qui m’est arrivé. Sauf qu’à la clé, il n’y avait pas l’épreuve des poteaux, ni les 100 000€ ni le bisou de Denis. Juste un stupide bouddha fainéant et surdimensionné. Et MOCHE de surcroît.

Ma première erreur fut d’identifier le «market» comme étant un magasin posé sur mon chemin et réellement appelé «MARKET» et non comme le vrai «marché», celui où l’on vend des épices, des fruits et légumes bizarres et du poisson qui pue sur les étals.

Ma seconde erreur, fut d’avoir cru que j’aurai des alliés: de la même manière que les candidats de Koh Lanta sont seuls pour la course d’orientation, je me suis retrouvée seule et esseulée pour chercher mon bus. Des navettes, il y en avait des dizaines devant ce fichu faux market. Et pas UN SEUL pelé capable de comprendre l’anglais.
Me voilà donc à passer de bus en bus, demandant la direction « Par-là-bas ? Par-là-bas ? » En échange, beaucoup de silence, quelques sourires et surtout des «non» affirmatifs, qui me mettent la puce à l’oreille.
Sherlock, certains indices m’indiquent que peut-être nous ne serions pas au bon endroit…

Bien décidée à prendre le bus pas cher et à ne pas céder pour un taxi (quelques dizaines de centimes d’euros le trajet en bus!) je m’engouffre donc dans un magasin qui me semble plus accueillant que les autres, en quête d’une âme généreuse qui pourra m’aider.
Un client comprend vite que je suis pommée (je suis une jeune touriste occidentale seule dans un magasin d’outillage…), me baragouine enfin deux trois mots en anglais et s’adresse à la vendeuse.
Sherlock, il semblerait qu’ils parlent de moi…

Le client aimable m’indique qu’il n’est pas d’ici, mais que, selon la vendeuse, le bus pour Par-là-bas devrait passer d’ici peu…ou d’ici quelques temps. Mais en tout cas il va passer c’est une certitude. Sur ce on m’apporte un tabouret, me dit de m’assoir, on me préviendra.
Bon. Et bien je n’ai rien à perdre si ce n’est mon temps qui, au final n’est pas si précieux que ça aujourd’hui. Je m’assoies donc et attend, 5, 10, 15min…Entre temps le monsieur qui s’occupait de moi a disparu.
Sans être inquiète, je commence à être saoulée #çam’vener, et retente de demander mon chemin à la vendeuse, qui ne comprend toujours rien et me refait signe d’attendre.
Sans vraiment savoir pourquoi, je me suis à nouveau assise : après tout on n’est pas si mal sur ce tabouret dans ce magasin d’outillage….
Et puis soudain, la vendeuse m’appelle, me tend un téléphone et m’indique que c’est pour moi. En effet, me voyant désemparée et surtout pas prête de quitter son magasin, elle a appelé sa fille, qui habite la capitale, qui parle bien l’anglais et peut enfin me donner les explications dont j’ai besoin ! Alléluia !  En voilà une bonne initiative.
Après 40min d’errance (dans une seule rue, un record), je comprend ENFIN où je dois aller.

Je fini donc par trouver mon bus au sus-nommé marché, un bus encore plus pourri que ceux que j’ai pu voir jusque là.  Manque de bol, il part dans 45min…ce qui me laisse le temps de continuer de tourner en rond et me faire dévisager comme une bête curieuse.

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Le bus…

Après ces péripéties, j’arrive donc à bon port, au bout du chemin qui mène à Bouddha : un chemin d’environ 1km, longé par des statues de moine en procession. (Kilomètre que je fais d’ailleurs sur le scooter d’un aimable monsieur qui passait par là et m’a proposé de profiter du trajet)

Il y en a en réalité deux Bouddha, tous deux sont des fainiasses, allongés sur le côté.
Les deux sont encore en construction, bien que l’un d’entre eux soit bien plus avancé que l’autre («L’autre» n’est pour l’instant qu’une armature en béton)

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Bouddha géant numéro 1
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Bouddha géant n°2, moins en forme que l’autre

Ces statues sont la création d’un moine de la région souhaitant ériger un bouddha à la hauteur de sa croyance et de celles des fidèles. Petit à petit, et donation par donation, il a fini par accoucher d’un bouddha de 170 m de long en béton armé, aux couleurs disons… chatoyantes.
La cerise sur le gâteau, c’est que Bouddha est creux et se visite: on rentre par son lobe d’oreille (ou plutôt le bâtiment situé dessous) et l’on ressort par son c……
Par son COUDE bande de dégueulasses.

L’intérieur de Bouddha est fort étrange. Une partie est toujours en travaux, on peut d’ailleurs acheter un ou deux céramiques pour faire avancer les travaux, comme une sorte de donation.  Plus loin se tient un bonhomme caché derrière un guichet lumineux qui clignote comme un sapin de Noel. Lui aussi attend les sous-sous des donations pour faire avancer les travaux.

Une fois passé tous ces mendiants du bouddhisme, je me retrouve alors dans une succession de salles où se dressent des statues coulées dans du béton armé.  Certaines sont toujours couleur « nature », d’autres sont peintes en couleurs criardes. Toutes sont organisées par «scène», comme un tableau. Mais ici, pas de scène de vie quotidienne, ni de petits oiseaux « cui-cui » comme l’on pourrait s’y attendre dans un Bouddha.

La première scène est une sorte de pseudo orgie, les trois suivantes sont des massacres. Oui Oui.

 

Le reste heureusement est plus neutre, et le tout semble parler de la vie de Bouddha.
Il n’y a pas vraiment de sens de visite établie, je suis de toute façon la seule touriste au milieu de quelques locaux, et je déambule dans la succession de salle comme une âme en peine. C’est d’ailleurs seule que j’arrive dans une immense partie encore en construction. Je pense me situer dans le ventre de Bouddha, et il raisonne un peu comme un parking souterrain vide de nuit.
Mon avis est officiel: cet endroit est étrange, et le fruit d’un cerveau soit très créatif, soit très dérangé, ou les deux à la fois.

Au terme de ma déambulation, je sors sur la terrasse pour observer la zone. Je suis sous l’œil et sa structure de cil en métal.

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L’oeil de Bouddha

En face, l’autre Lazy Bouddha attend qu’on s’occupe de lui. Un peu partout sur les collines avoisinantes, d’autres bouddhas king size sont posés dans la nature .

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A ma droite, des statues bleues et vertes de dieu ou déesse, grand format elles aussi.
Sur le parking quasi vide une fontaine crache de l’eau, tandis que quelques camionnettes défilent pour déposer ou récupérer des fidèles dans ce grand n’importe quoi.
Un buffle passe au milieu, lui aussi à l’air de se demander où il a atterri.

C’est le moment de partir. Je me retourne une dernière fois pour regarder cette œuvre particulière mais néanmoins impressionnante. C’est vrai qu’il est grand ce Bouddha.

Pour le retour, je ne réfléchi pas : j’hèle le premier bus qui passe, avec de la chance, il ira là où je vais. Et enfin, j’ai eu de la chance. Le bus m’emmena presque où je voulais aller .

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viens voir Bouddha

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